On aurait bien aimé les recevoir nos amis de Saintry ; même s´ils étaient venus à 5 ou 6 ça l´aurait fait (comme disent les djeune´s), vu que les Mildioux étaient 24 joueurs tous plus piaffant que les uns et les autres (vous savez le film de Lelouch)… On aurait pu s´amalgamer et donner un côté « barbarians » à cette rencontre, un je ne sais quoi d´Onusien, une pointe de métissage ovalien bon enfant, dans ce monde de chauvins dopés au modernisme rugbystique…

Las, faute de visiteurs, les Mildioux en furent réduits à se mesurer à eux-mêmes (ce qui n´est pas une mince affaire). Eh oui, ami lecteur mon frère (et ma soeur aussi d´ailleurs), opposer les Mildioux entre eux ça revient à peu près à essayer de départager Smith de Wesson, Maciste et Hercule, Placide et Muzo , Lagarde et Michard ou encore Toulouse et Lautrec… Bon mais il y eut un match, pour l´occasion certains Mildioux retournèrent leur maillot à contre coeur pour jouer en blanc(nous les appèlerons les « Goofy » pour faire surf, car en surf les goofy sont ceux qui se la jouent « à l´envers »).

Votre serviteur jouait en Goofy , dans l´équipe d´Hervé… j´ai été bien inspiré d´ailleurs, vous verrez pourquoi ensuite. Bref, les Goofy attaquèrent bille en tête, visitant par deux fois l´en-but des Regular (on les appelle Regular passqui z´ont le maillot Mildioux normal, Regular dans la langue des Monty Python ça veut dire « Normal », essayez un peu de suivre tout de même, moi aussi j´ai des courbatures, moi aussi j´ai un peu mal à la tête…).

Ce match fut aussi l´occasion pour nous de voir à l´oeuvre une toute nouvelle recrue, kiné de son état, en la personne de Nicolas. Au Handball il était bien, mais on attendait de voir un peu ce que cela donnait au Rugby, eh bien c´est convainquant.

Mais reprenons, le cours du match : Les Goofy, forts d´un avantage de deux essais s´étaient un peu laissé aller, à moins que ce ne fut la rebiffe générale des Regular. Emmenés par Jean-Noël (dit surfeur d´argent) et par Toni, les Regular emportèrent tout sur leur passage : Bijou (dont la coupe de cheveux évoque de plus en plus celle de Berlioz, vous savez Berlioz le musicien dans les Aristochats) s´illustra en vrai chef d´orchestre, Eric Bigeat me défonça littéralement le genou par la seule force de son genou, Joël Hacquard, tout jeune papa, nous accoucha quelques beaux ballons de relance, bref côté Goofy, la mayonnaise ne prenait pas, pour tout dire c´était la bénédicta (oui alors je sais, c´est pas du calembour super, super… mais j´ai pas eu le temps de passé à G20).

Heureusement nous parvînmes à poser un peu le jeu grâce à la présence d´esprit d´un pack d´avants aux étreintes Pitonesques. Chaque fois que les Regular se débattaient relevant la tête nous resserrions patiemment nos anneaux constricteurs. Bien vite, la messe fut dite (vous avez remarqué la rime riche ?) : Olivier accula (en tout bien tout honneur) maintes fois ses vis-à-vis à la faute, Pascal Genty nous gratifia de quelques courses assassines, et Jean-Michel (dit poumon d´acier) mis à plusieurs reprises nos ambitions sur orbite.

Mais le point d´orgues fut sans conteste, l´épisode historique du duel Sergio vs Hervé : à ma gauche imaginez Sergio, bardé de certitudes offensives, sanglé comme un dragon Napoléonien sado maso… A ma droite imaginez… Hervé. Voilà.

Eh bien figurez-vous que Sergio, tourmenté par je ne sais quelle lubie, inspiré sans doute par la lecture de « Pourquoi attaquer simple, quand on peut gagner compliqué » par Pierre Villepreux, eut l´idée de contourner le pack adverse en passant à travers Hervé. Oui c´est difficile à expliquer comme ça, mais ça s´est passé comme suit : Sergio avait le choix entre : a) donner le ballon à l´un de ses 28 partenaires démarqués. b) appeler son avocat à l´aide son casque relié sur le wap pour contester la dernière décision de notre excellent arbitre Senior. c) rentrer au vestiaire sans que personne n´y trouve à redire d) faire un détour éreintant pour aller défier physiquement un type (Hervé) qui lui rend 40 kilos et qui ne lui a rien demandé.

Que croyez-vous que fit Sergio ? eh oui… Alors, Hervé saisit Sergio à peu près comme s´il rangeait le tamagotchi égaré de son petit dernier. Il l´emmena calmement vers l´en but et aplatit le ballon et Sergio sous le regard éberlué de l´arbitre. Lorsque l´on retrouva le ballon, Sergio était toujours floqué dessus. Ah comme j´aurais voulu que vous puissiez voir les yeux effarés de Sergio cherchant, pathétique, un appel de balle, un regard compréhensif, un SMS… Sergio voyait toute sa vie dissolue défiler en accéléré, tandis que comme dans un mauvais rêve, il hurlait sans qu´aucun son ne sortît de sa bouche, si ce n´est le couinement lugubre d´une bête traquée, façon Gérard Jugnot, ou comme le pauvre petit cochon qui, récemment a croisé le chemin de Toni et Jean-Louis du côté de Brives. Ci-dessous Hervé et Sergio, les 2 héros de ce duel de titans.

La troisième période fut beaucoup plus équilibrée. Goofy et Regular se retrouvèrent, comme de juste, à festoyer sous le même maillot, et la même ferveur d´une amitié dînatoire. On expérimenta une lotion capillaire à base de choucroute, on goûta la délicieuse omelette à l´oeuf d´émeu à gégé (non ce n´est pas contrepet), on but, on s´esclaffa, on fit le ménage jusque tard. Jean-Noël s´amusa à taquiner David à propos de je ne sais quel ballon perdu en touche… Puis, la paix dans l´âme, nous couchâmes nos vieux corps apaisés mais endoloris d´exploits rugbystiques. Vers 5 h 00, en ce qui me concerne.

La phrase du jour :
« Oh ? tu joues Gouffard ou Réguly ? » (Jean-Noël)