C’est avec un léger différé de 15 jours que je vous fait retransmission écrite du match qui nous opposa à l’Assemblée le 29 mars dernier…

N’y voie là aucune coupable paresse de ma part, ami lecteur mon frère (et toi aussi ma sœur, d’ailleurs) : ce décalage technique a été exigé (et à ma grande honte, obtenu) par les autorités de censure chinoises qui voulaient se donner le temps de cacher à la face du monde les éventuelles pathétiques protestations de quelque « droit-de-l’hommiste » exalté.

La hiérarchie de ma rédaction en chef, dont la veulerie et le sens du lucre n’ont d’égales que la hauteur de vue d’un président de comité olympique ou d’un directeur sportif du tour de France, je fus soutenu avec la même vigueur que la sous-ministre à l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet par son ministre de tutelle face au lobby OGM…

Et que donc censuré, je fus. Mais cette censure ne m’empêchera pas de boycotter ces jeux comme il se doit. Laporte aura beau me supplier et m’envoyer Carla Bruni pour me vamper : je refuserai toute sélection dans l’équipe de France Olympique.

Rappelons qu’en Chine, l’épreuve du « tir au pistolet à 2 centimètres sur la nuque » n’est pas une discipline en démonstration, c’est bel et bien un sport officiel. Cette légère parenthèse fermée, revenons au sport. J’avoue qu’avec ce décalage de 15 jours et suite au choc que j’ai reçu lors de l’entraînement qui suivit le match, où Jean-Philippe s’était mis en tête de me propulser pour un triple Axel avec réception sur le bedon de Laurent Simha, suite à ce choc donc, dont je me suis très bien remis… (au fait, vous ai-je raconté que Jean-Philippe s’était mis en tête de me propulser pour un triple Axel lors d’un entraînement ?)

Suite à ce choc donc… et à cause de ces 15 jours de délais, il faudra donc excuser certaines approximations dans les descriptions… Ce match commençait bien, il avait même commencé dans la 4ème dimension pour notre Eric Marietta préféré, qui avait quelques mal à se reménémorer, pardon, à se réméméménémorer, à se rere… à se souvenir qu’il jouait au XV du parlement et non pas en Mildioux ; car il s’était mis en tête de se déshabiller dans notre vestiaire et c’est là que nous nous aperçûmes, Mesdames, que Eric Marietta porte du Chanel N° 51.

Dès lors, la partie commençait sous les meilleurs auspices de bonne humeur. Revue d’effectif, d’abord, à la satisfaction générale de nos vieux os, les Mildioux, promptement renforcés par une dizaine de Consuls de Lisses, étaient autour d’une petite trentaine à piaffer sur la feuille de match.

Une belle présence qui ne fut pas sans poser quelques casse-tête de coaching, mais qu’importe, merci à tous d’être venus nombreux ! Abondance de gens bien ne nuit pas. D’autant que certains Consuls tel Jean-Michel n’hésitèrent pas, très sportivement, à endosser le maillot visiteur pour prêter main forte, malgré les lazzis goguenards de ses pairs.

Pour l’entame, je me souviens d’une formation du XV du parlement particulièrement bien pourvue et solide. Mais je me souviens aussi d’un premier tiers temps du feu de vieux des Mildioux, dirigé par Titi au sifflet, où les Mildioux mirent plus qu’à mal, la belle organisation parlementaire qui ne s’attendait sûrement pas à pareille opposition : grosse motion de censure du 8 de devant, avec déblayage farouches et force escarmouches, où Gilles, Laurent, Benoît et Mika ne donnèrent pas leur part au chat.

Tant et si bien que les Mildioux virèrent à quelque chose comme deux essais à rien, en fin de premier 1/3 de temps. Car nous jouâmes à 3 tiers temps, tant les effectifs étaient fournis. Un essai fulgurant de Jean-Mi sur une passe au caviar de Persouille, fut sans aucun doute le clou de cette période.

Ensuite, nos visiteurs, d’abord décontenancés, reprirent du poil de la fête. Les Mildioux ne surent pas préserver leur précieux avantage, malgré l’enthousiasme de nos partenaires Consuls. Il faut bien admettre que l’esprit barbarians qui anime Mildioux & Consuls qui fut très apprécié sur le bord de touche et maintint longtemps nos adversaires loin de notre ligne d’essai, ne rime pas toujours, on le sait, avec efficacité en terme de score.

Par ailleurs, faut-il y voir un lien de causalité, il me semble bien que Titi céda son sifflet sans regret. Bref, en dépit d’un bel essai d’avants, qui nous dégagea un temps, de parlementaires très présents (et quand je parle de présence, certains députés pourraient d’ailleurs en prendre la graine sur les bancs de l’Assemblée, cela posé sans mauvais esprit aucun).

Ensuite, je ne sais si ce sont les moult feintes d’intercalage de Jean-No, très astucieusement sollicitées par un Olivier en grand top de son acuité visuelle qui ne furent pas toujours comprises du soutien Mildioux, je ne sais pas si c’est la perspective du rôti de porc de bœuf Stroganov de Stéphane (essayez de faire dire Stroganov à Eric Marietta, c’est très rigolo), ou les annonces en touche qui semblaient pâtir d’un léger flottement en termes de communicance (ou de communiquitude, comme vous préférerez), toujours est-il que les compères d’Eric Marietta marquèrent un essai plein d’opportunisme en toute fin de partie, d’aucuns, mauvaises langues dont je ne suis pas (poil à la mauvaise foi), diront avec un sourire venimeux :« dans le temps additionnel ».

La quatrième mi-temps pouvait dès lors commencer, par un apéritif dans la plus pure tradition de l’apéro antalgique ; de ceux qui consolent de la semaine de travail et de son sinistre cortège de fâcheux, de ceux qui panse les bleus et rougit le fond des yeux : Parlementaires, Consuls et Mildioux énoncèrent de grandes vérités métaphysiques, que je n’ai pas toutes notées, au rythme d’une magnifique valse des godets, le tout dans un brouhaha rigolard dont nous connaissons tous la musique.

Je retiens un projet Consulo-Mildioux assez sympa : faire un match à l’ancienne, du rugby A.O.C si l’on peut dire, avec essai à 3 points, coups de pieds de recentrage obligatoires, interdiction des portages en touche, poussée en mêlée jusqu’à ce que mort s’en suivent le tout relevé à la sauce Dolpic. Idée à suivre… Le dîner fut des plus goûtues : en tant que boycotteur de produit lacté, je fus gratifié d’un Bœuf Stroganov sans fromage qui fit beaucoup d’envieux (j’ai des relations en cuisine, moi Môssieur). Un des co-fondateurs du Club, sociétaire à Epinay offrit le champagne, tandis qu’Eric Marietta offrit son corps à la science en testant les nouvelles possibilités d’un repas liquide spécialement mis au point pour nos spationautes par Pernod Ricard.

Autant dire que ce soir-là nous terminâmes tard et très haut dans le ciel, avec le sourire et avec… Eric Marietta qui eut toutes les peines du monde à ramener sa bien-aimée à la raison, voire même, à la ramener à la maison : celle-ci, émue devant l’accueil Mildioux ne voulant plus partir… et comment lui en vouloir ?

Si cela peut la consoler Eric, dis bien à Stéphanie que vous êtes chez nous, chez vous.

La Phrase du jour :

« c’est bizarre tout de même, y’a pas une seule fille à cette soirée… » (Stéphanie)