Les arbitres coupent le sifflet aux Mildioux
Score Mildioux : 3 essais
Score XV des arbitres : 7 essais
Arbitre : sous haute surveillance du comité des casques bleus.
Recette : lasagnes
Météo : ça va.

Ma journée s’était déroulée assez terne; je ne sais pas si ça vous le fait, mais moi, plus je vieillis, plus j’ai du mal avec les imbéciles, et ce vendredi de travail ne m’en avait épargné aucun : des pleutres qui bazardent leurs inaptitudes sur le dos des collèges en douce, des guillerets qui vous expliquent votre métier entre deux fautes de syntaxe, j’en passe et des pires.

Bon j’aime autant vous dire qu’en sortant, je n’avais pas une folle envie de me colleter avec des adversaires, fussent-ils arbitres; plutôt envie de vous retrouver mes chers compères Mildioux. Sans doute l’approche du solstice d’hiver approchant m’avait drapé de ce petit voile chagrin, de crincrin mélancolique, qui sait ?

Une petiote heure avant le coup d’envoi, j’avais gagné le Cardinal ; je retrouvai là, bonne surprise, Martial, mais aussi Franck, Jean-Philippe (star des micros de France télévision), Gérald, Claudius, David et Carole, Benoît que j’ai recruté grâce à ma fille Violette qui est grande amie de Lise, propre fille de Benoît), Micka, Jojo…

Quelques évocations rigolardes à propos des prestations télévisuelles de Jean-Philippe plus tard, puis, 2 ou 3 demis, et nous voilà partis, qui à vélo qui en bagnole, qui à pieds, vers le très beau terrain de Longjumeau qui nous accueillait ce soir à bras ouverts.

Au passage, chapeau bas aux « gensses » de Longjumeau : éclairage impeccable, pelouse veloutée et petite bière magnifique, dès le sortir de la douche. Un seul mot me vient à la bouche : merci. Sans vous nous n’aurions pas pu jouer, ça c’est un vrai beau cadeau de Noël. Tout avait pourtant fort bien commencé pour la vaillante seizaine de Mildioux qui s’étaient donné rendez-vous sur le vaste stade de Longjumeau en ce 15 décembre 2006.

Une grosse partie la première mi-temps fut passée sur le camp de la vigoureuse formation arbitrale ; les Mildioux ouvrirent même la marque. Pourtant, notre vaillance à l’attaque, emmenée par la charnière Alain Rouault-Eric Bigeat fut bien mal assurée par une défense un peu mollassonne, et attentiste. En infériorité numérique notable (sur le banc de touche, je rassure) nos Mildioux (et moi le premier) commencèrent de prendre l’eau.

Pour ma part, ce fut comme une chape de fainéantise qui me prit au niveau des bras et de mi-cuisse. J’avais la désastreuse impression de plaquer à blanc. Les types se relevaient comme les silhouettes de carton du tir à la carabine à fléchettes des Mazarinettes, je vous assure que c’est une sensation fort désagréable ; un peu comme ces cauchemars où l’on est poursuivi par quelques monstres et où les jambes répondent aux abonnées absinthes…

Et devait arriver ce qui arriva : nos adversaires, que nous avions bluffé, prirent vite la mesure de l’événement : les Mildioux étaient friables ; profitant de leurs compétences en matière de règlement, certains prirent notre vaillance naturelle pour une basse brutalité : je fus même pris à partie pour avoir repoussé deux adversaires avec le seul membre disponible qui me restait : mon crâne.

« Eh ! le coup de casque là espèce de… » ; enfin que croyait-il celui-là ? J’n’allais pas lui faire la bise non plus (le fair-play a ses limites et nous nous connaissions à peine) j’n’allais pas les laisser nous déféquer dans les souliers, j’avais un demi de mêlée (Alain) à protéger, qui plus est : tout juste convalescent d’une honnête mais sévère muflée prise la veille par inadvertance avec l’ami Toni et quelques camarades du Stade Français, au vrai, j’avais des responsabilités, moi. En outre les arbitres tournaient très bien et géraient leur coaching avec maestria. C’est à peine si j’ai pu reconnaître certains visages, tant leur banc de remplaçants était fourni. (Je rappelle que nous n’étions qu’une seizaine).

Foin de mauvaises excuses, plus tranchants, se trouvant de mieux en mieux, tandis que nos relais se grippaient, les arbitres jouaient un gros ton au-dessus. Je le reprocherais juste une fâcheuse propension à ne pas supporter qu’on leur sucre des ballons en regroupement.

Tenez, une fois, le grand Yahn, (et je ne dis pas ça parce que c’est un copain), le grand Yahn, donc, avec le tact qu’on lui connaît, se fraya un passage dans leur mêlée ouverte pour aller leur prendre le ballon. Je le dis en vérité, il fit cela aussi délicatement que s’il s’était agi d’aller cueillir un verre de punch au milieu d’un attroupement de ladies anglaises. Eh bien, me croirez vous ? On le pénalisa alors qu’il allait vérifier la bonne qualité du gazon de l’en-but adverse (je le sais, j’étais juste derrière lui), on le suspecta même de quelque rouerie.

Dès lors. Le charme était rompu. La partie ne fut que rouspétance et chicaneries. J’en avais eu assez pour ma journée de boulot. Nous fûmes troués à plusieurs reprises. Combles de malchance, nos plus vaillants chevaliers, David et Titi durent (dur) quitter le terrain. Le premier avec un auriculaire en valseuse, façon « je prends le thé avec les copines du Club Canevas et Calva réunis », le second avec la vertèbre de Goeth en délicatessen.

Heureusement, Stéphane Maudhuit surgit de la nuit, vint nous prêter main-forte, lui qui, je le rappelle au passage a échappé de peu à la camarde pas plus tard que cette année, qui n’aurait jamais dû pointer le bout de ses crampons pour un match. Je ne sais donc pas si je dois le féliciter ou l’engueuler copieusement. En plus, horreur : il n’avait pas de licence… Ceci explique aussi pourquoi cette fin de partie ne fut pas une débâcle.

Ainsi, par deux fois nous retrouvâmes le chemin de l’essai. Le dernier à l’issue d’une belle classique, malgré une splendide cravate sur le pauvre Jean-Philippe (auteur de son premier essai) : la dernière que j’ai pu admirer de ce genre, remontait à nos folles années soixante-dix.

La troisième mi-temps fut la bienvenue. Remontant à vélo jusqu’au Club House, j’eus tout le temps de méditer nos faiblesses. À vrai dire, même si les Mildioux ne baissèrent jamais les bras, il nous manqua sans doute l’envie de s’amuser, mais à ce jeu, il faut être deux. Comme une vraie paire de clown, et ce soir-là, si l’Auguste était un peu court de jambes, le clown blanc que nous avions en face n’avait peut-être pas le niveau d’humour requis. La faute au solstice d’hiver sans doute.

La phrase du jour :

« Excuse-moi Persousille, c’est moi qui que j’ai louffé à l’instant »
« Ah, bon, te tracasse pas j’ai rien senti »