C’était un certain soir de grand chelem 2010 ; à l’heure où le XV tricolore fêtait triomphalement et nous avec, le centenaire de sa participation au Tournoi. A l’heure où en plein Cardinal, Anne s’interrogeait à haute voix, et dans l’hilarité générale, sur la différence entre un grand chelem et une première place.

C’était un soir où nous avions joué les prolongations tardives chez Anne & Yvan et où Yvan eut une fulgurance géniale dont lui seul a le génie : réunir les Mildioux des époques les plus reculées.

Retrouver les Mildioux raréfiés comme les cheveux sur des têtes chenues. Convoquer les Mildioux de tous âges dans un match au grand jour et un dimanche comme il se doit. Excusez du peu : les Daniel Cancalon, Vincent Lelano, Christophe Cardot, les Gilles et Yvan Férignac, Philippe Piton et Bonneu, Toni et ses frères, Christian, Bernard Aveillan, Sylvain Ponthieux, Jean-Luc Llanes, Alain Rouault, Jean-Louis Ségéral, Serge Archimbaud, Yann…

Ils étaient tous re-venus soit pour passer la tête soit pour « y mettre la tête ». Seul François Garnier ne retrouva pas le chemin du stade de la rue de l’Aunay depuis sa lointaine Armorique, on le regretta et du coup quelques costards fusèrent comme de bien entendu.

Parmi cet aréopage tous ne jouèrent pas mais tous étaient sur le terrain d’une certaine manière, puisque nous jouâmes avec un ballon en cuir type Wallaby. Ce ballon qui donna du fil à retordre aux plus jeunes d’entre nous, peu habitués comme nous l’étions, à se lécher voluptueusement le bout des doigt pour en améliorer l’adhérence sur le sensuel cuir de veau.

Peu de choses à dire sur ce match 100% à l’ancienne, puisqu’il n’y avait pas de remplaçant. Si ce n’est que les vénérables avaient de beaux restes et que les moins âgés n’étaient pas en reste. Toutefois la logique de la fraîcheur physique devait peu à peu parler au panneau d’affichage.

Une logique parfois contrariée par un coup de sifflet facétieux de Paulo, ou, comme on l’a vu, par un ballon en vieux cuir glissant et farceur (ça me fait penser qu’il faut que je le graisse). Mais une jeunesse relative, perturbée aussi par la redoutable armada du pack Mildioux Hors d’âge, emmenés par Daniel et Toni.

Une vraie phalange spartiate, inexorable, disciplinée, mais qui ne parvint pas néanmoins, à déstabiliser complètement les Vieilles Vignes malgré une outrageuse domination territoriale. Car, grâce leurs soit rendue, les vieilles vignes, malgré quelques ballons passés en vendanges tardives surpassèrent, avouons-le, leurs glorieux aînés dans l’essoufflant exercice de la course grand champs.

Le résultat n’avait que peu d’importance mais chacun s’appliqua tout de même vigoureusement à le faire pencher de son côté. Et comme promis ce 13 juin, le sol a tremblé et pas seulement pour cause de parkinson.

L’important devait suivre sur la terrasse du Club House où un barbecue sans dessert nous attendait. Le barbecue sans dessert c’est ce nouveau concept de barbecue qui nous vient de Californie qui présente des avantages diététiques indéniables mais qui fait tout de même un peu débat, il faut bien le dire, parmi certaines compagnes de joueurs qui se révèlent un peu « bec sucré » sur le tard.

Ce léger différent mis à part, tout le petit monde de la joyeuse tribu Mildiouse festoya jusque vers les 21 h 00, sous un ciel clément car les organisateurs avaient décidément bien organisé les choses, mis à part les dessert, mais bon, on va pas en faire un fromage qui au demeurant était très bon à ce qu’on m’a dit. Que voulez-vous, les gens ne sont jamais contents : Stéphanie avait eu beau proposer (très courageusement) un atelier médecine douce relaxation avec siège ergonomique dédié, ces dames n’en démordaient pas. Nous eussions du demander la confection de dessert maison; nous le saurons pour la prochaine fois. De 12 h 30 à 21 h 00 donc, autour d’un verre ou deux, voire plus si affinité, on évoqua, on exagéra, on se remémora on chercha des noms.

Jusque tard on parla cinéma avec Momo, on polémiqua sur les dates, on se chamailla sur les lieux. Anecdotes, match pendables, déplacements surréalistes, détails historiques ou de la semaine passée. Une fois l’an ou deux, il convient d’améliorer la geste du Club, d’en peaufiner la légende et de lustrer la patine des belles histoires.

C’est aussi l’occasion de ne jamais oublier et de garder dans nos cœurs celles et ceux qui ne sont pas là ou qui ne le sont plus

La phrase du jour :

« Je te présente mon fils spirituel : tout ce qu’il ne sait pas, c’est moi qui lui ait appris »